mardi 30 décembre 2008

Mon Noël Africain...



Mon Noël Africain...
6h45: “Maman, maman, debout, vite, le Père-Noël est passé! Viens, lèves-toi, il y a plein de cadeaux en dessous de l’arbre! Maaamaan!! – Oui, oui, Lucas, j’arrive! » Comme à chaque année, le Père-Noël est passé durant la nuit, déposer des cadeaux pour les enfants. Moi, j’avais passé la soirée de la veille à jouer au Scrabble avec un couple d’amis en visite et j’avais encore les yeux à moitié collés. Raphaël et François se sont levés et les cadeaux ont été vite développés : un beau livre pour Lucas, des blocs à construire pour Raphaël, deux épées de Star Wars, deux toupies lumineuses, et autres petites bidules… « Hey! Le Père-Noël a pensé aux amis!! – Vas les chercher Lucas! » Quelques instants plus tard, Aminata, Saphi et Inusa arrivent et découvrent avec bonheur trois paquets enveloppés pour eux : une poupée pour Saphiatou, une barbie pour Ami et un ballon pour Inusa! Il reste toujours un cadeau sous l’arbre de Noël…Mario! Vite, on traverse chez Angèle et Sami. Ceux-ci sont déjà en pleine préparation de la grande fête de Noël que nous organisons tous ensemble. Toute la journée, des amis et des membres de la famille passeront manger, boire et éventuellement, danser chez Sami et Angèle. On se lave les mains et dès 9h00, nous sommes tous au travail. François déplume les 10 poulets avec Sami, Lucas et moi lavons la tonne de laitues pendant que Raphaël « fait la vaisselle ». 11h30 : de premiers invités arrivent. On mange quelques mets typiques : couscous sauce aux arachides, Fonio sauce aux oignions, vermicelles aux légumes, salade. Le repas à peine terminé, on cuisine déjà celui du soir. Je profite d’un moment d’accalmie pour aller visiter la Présidente de la MAS puis Paul, un collègue de travail, et leur souhaiter Joyeux Noël. Ici, c’est comme ça! Les gens passent la journée à se visiter. 17h, une nouvelle vague de personnes arrivent chez Sami…On va manquer de poulet…On manque de poulets, de boissons, d’alcool!!! Ya trop de monde! Tant pis, on va manger de la salade et du riz. 18h le groupe de musiciens arrivent et s’installent. Dès les premiers sons du djembé, on se lance sur la piste de danse…la rue!! Il fait noir et comme il n’y a pas de lumière chez nos voisins, la soirée se poursuit devant le portail de leur maison, sous le lampadaire de la rue. L’ambiance est à son meilleur! Ce sont les femmes qui dansent surtout, mais François décide de ne pas s’en faire avec ce détail et se donne à fond. Les enfants aussi! Le spectacle dure 2h et tout le monde en voudrait plus! Mais, comme toute bonne chose a une fin…Le reste de la soirée se déroule plus tranquillement à discuter ensemble. Lucas et Raphaël s’endorment bientôt dans nos bras… Et vers 23h, nous allons dormir à notre tour.
Hourra pour les nouveaux mariés!
Dri, le meilleur ami de Sami, est fiancé à une québécoise, Marie-Ève. Voilà qu’ils se marient en se jour du 27 décembre, à la Mairie de Bobo-Dioulasso….pour le meilleur et pour le pire! On ne leur souhaite que le meilleur. François et moi avons été invité, invitations que nous nous sommes empressés d’accepter! Vivre un mariage africain fait quand même partie du top des événements à expérimenter dans un contexte d’intégration culturelle!!
Le mariage s’est déroulé très rapidement!! À 16h débutait la cérémonie à la Mairie, à 17h, les gens mangeaient à la maison de Dri, à 18h, tout était fini!!!!

mercredi 24 décembre 2008

31 ans, ça change pas le monde, sauf que…

C’est dur sur le moral. 30 ans ça va. 31, ouf! Heureusement, j’ai passé un très bel anniversaire! Vendredi soir, nous sommes allés manger dans un resto coréen un peu décevant, mais nous étions un beau groupe d’amis. Je ne pourrais expliquer pourquoi, mais la soirée a été vraiment sympathique. Tout le monde a eu du plaisir! Nous étions deux couples de québécois, un couple belge, un couple français et une couple suisse-allemand…Et vraiment, tout le monde s’entendait à merveille! Et je me suis fait gâter!!

Samedi matin, après la petite fête à l’école de Raphaël, nous étions invité à dîner chez Sami et Angèle qui m’avait préparé mon plat préféré : riz aux feuilles avec sauce au poisson…hum, c’était délicieux! Angèle m’a aussi offert un collier et des boucles d’oreille…Ce cadeau m’a ému…La générosité d’Angèle et Sami, alors qu’ils ne travaillent pas, qu’ils ne mangent pas tous les jours à leur faim…

Découverte musicale

Artiste : Habib Koité & Bamada (Mali)

Album : Afriki

Un album simplement divin, on adore dès la première écoute! Musique acoustique, guitare, balafon, djembe…Une voix douce, des paroles en langue locale, un album qui s’apprête à la rêverie et qui fait apprécier la vie!

Noël à l'étranger

Pas de lumières multicolores, pas de gros Père Noël gonflable, pas de tempête de neige…c’est ça, Noël au Burkina Faso. Pas de publicités incessantes, pas de chansons thématiques, pas de sapin étincelant, c’est aussi ça, Noël en Afrique. Ici, la frénésie du temps des fêtes n’existe pas, pas plus que les feux de cheminées…. Noël n’est pas une fête commerciale, c’est une fête religieuse, c’est la naissance du Christ, et c’est ce qui est célébré par les Chrétiens de plus en plus nombreux au Burkina. La magie de Noël ici, c’est le bonheur tout simple de commémorer Jésus et de partager un repas avec la famille et les amis. Le soir du 24 décembre, les Chrétiens partent à l’église et y passeront la soirée et une partie de la nuit. Les festivités se dérouleront le lendemain. Les burkinabés cuisineront du riz, du poulet, de la viande et ils distribueront des vivres à leurs familles et aux plus démunis. Ils recevront leurs amis Chrétiens ET Musulmans. Les enfants auront droit à quelques gâteries du Père Noël. La fête de Noël pour les Chrétiens ressemble beaucoup à la Tabaski pour les Musulman. La différence, c’est l’alcool!!! Les Chrétiens boiront le Dolo, festoieront et danseront jusqu’aux petites heures de la nuit…

Pour moi, Noël à l’étranger rime un peu avec nostalgie…Je m’ennuie de mes proches des partys de famille, des soupers entre ami(e)s, même le froid et la neige me manquent. Ici, j’oublie que c’est Noël qui arrive. Si ce n’était pour les enfants, je n’aurais pas nécessairement décoré d’arbre « tropical » de Noël. Mais puisqu’ils sont là…je m’efforce de me mettre un peu dans l’ambiance, ce moment doit préserver un peu de magie, surtout si la famille nous manquent. Nous avons écrit une lettre au Père Noël, nous avons aussi demandé des cadeaux supplémentaires pour les petits voisins : Inusa, Saphiatou, Aminata et Mario. Le 24 au soir, nous nous cuisinerons un bon repas en famille, les enfants se coucheront tôt pour montrer au Père Noël qu’ils sont bien sages. Le père Noël passera déposer les cadeaux durant la nuit, mangera un biscuit et boira un verre de lait. Le lendemain sera jour de fête. Nous célébrerons cette journée avec nos employés de la maison, leur famille, nos voisins : Angèle, Sami, Sanata et leurs famille, quelques amis… Nous cuisinerons un festin ensemble, puis, vers 14h, les gens commenceront à arriver et nous boirons du thé. En soirée, le dolo* remplacera le thé, un groupe de musique viendra jouer pour nous et nous danserons, je l’espère, jusqu’à très tard!!!

Si Noël est surtout une fête chrétienne, le Nouvel An en revanche, semble plutôt faire l’unanimité!! Un peu comme chez nous, le nouvel an se fête souvent entre amis! De notre côté, nous fêterons avec mes collègues de travail de la MAS. Semble-t-il qu’encore une fois, nous danserons jusqu’à tard dans la nuit!

· Boissons alcoolisée locale

Les enfants préparent Noël à l’école

Les écoles de Lucas et de Raphaël ont organisées des activités spéciales pour souligner la fin du trimestre et Noël. À l’école française, les élèves de maternelle ont préparé un spectacle pour leurs parents et nounous. Ils ont chanté quatre chansons de Noël, puis, avec les lanternes de Noël qu’ils avaient eux-mêmes fabriqués, ils ont fait un petit défilé pour appeler le Père-Noël. Ce dernier est enfin apparu avec un cadeau pour chaque classe. Les parents devaient apporter chacun petit dessert, et nous avons tous partagés ensemble de bonnes petites sucreries et un bon moment avec les enfants. Ensuite, les élèves du primaire donnaient également une prestation au Centre culturel français. Lucas et moi sommes allés voir ça et Lucas a adoré!!

Du côté de Raphaël, la petite fête était également très sympathique. Celle-ci s’est déroulée samedi matin dans la cour de la petite école. Un trio de musique traditionnelle a assuré l’ambiance et un conteur professionnel a été engagé pour le plus grand plaisir des enfants, et même des parents!! Les touts petits ont chanté « Petit Papa Noël ». Ils étaient trop mignons!!

mardi 16 décembre 2008

Sortie en brousse!


Jeudi dernier était férié à l’occasion de la célébration du jour de l’indépendance. Nous avons décidé d’en profiter pour aller rendre visite à nos amis les ingénieurs qui mènent un projet dans le village de Bama. Situé à une quinzaine de kilomètres de Bobo, dans la Vallée de Kou, Bama est un grand village avec une petite zone industrielle. Nous, ce qui nous intéressait, c’était plutôt les rizières et … les hippopotames! En arrivant à Bama, Kristell, William et Karine nous ont accueillis. Nous avons d’abord visité leur maison et rencontré les femmes du village qui étaient là pour travailler au Centre nouvellement construit par ces ingénieurs. Vers 9h00, le soleil commençait à être chaud, nous nous sommes donc dirigées vers le Marigot, où nous sommes montés à bord de deux petites pirogues. Les guides nous ont conduits à travers le marécage jusqu’à une marre où nous avons pu observer deux hippopotames. Ces mammifères étant parmi les plus dangereux pour l’homme, nous sommes restés loin d’eux. Lucas et Raphaël étaient impressionnés et un peu craintif! Cependant, les guides connaissent parfaitement bien la limite à ne pas franchir. Nous sommes restés quelques minutes à observer les deux grandes bêtes, puis nous avons rebroussé chemin.

Les hippopotames!

Sortir de la ville nous a tous fait un grand bien! Je suis déjà impatiente de repartir visiter la brousse africaine!

mercredi 10 décembre 2008

Bonne fête de la Tabaski!





Le partage. C'est la valeur principale que je retiens de cette grande fête musulman qu'est la Tabaski. En fait, pour le pratiquant de cette religion, cette fête que l'on nomme aussi "fête du mouton" est la plus importante de l'année. Elle se déroule le 10e jour après la deuxième lune suite au mois du ramadan. Cette année, elle avait lieu le 8 décembre. Chaque père de famille doit sacrifier un mouton pour Dieu. Ensuite, il le fait cuire et le partage en trois partie. La première partie, il la remet à des mendiants ou des familles moins nanties. La deuxième, il la partage avec ses voisins et ses amis. La dernière, il la garde pour sa propre famille. Les jours précédents la Tabaski sont mouvementés! C'est la course au mouton! Un mouton coûte en moyenne entre 35 000 CFA (85$can) et 80 000 CFA ( 200$can). Évidemment, ce ne sont pas toutes les familles africaines qui peuvent se permettre un tel investissement, aussi certains vont plutôt égorger un poulet. En plus, les gens doivent se faire beaux pour cette occasion. Les femmes font refaire leurs tresses, la famille entière se fait coudre de nouveaux habits. Les tailleurs travaillent jours et nuits avant la Tabaski!!




Le jour même de la Tabaski, les femmes commencent à cuisiner tôt le matin. On prépare du riz, des spaghettis, des légumes, des boissons de bissap et la viande. On envoi les enfants porter la nourriture aux voisins, et aux amis. Enfin, les gens reçoivent beaucoup de visiteurs tout au cour de la journée...particulièrement des Chrétiens!!! Ceux-ci n'ayant pas à cuisiner de mouton, ils visitent leurs amis musulman qui leurs servent de succulents repas!



Nous avons eu trois invitations pour fêter la tabaski. Ainsi, nous avons commencé la journée vers 12h dans la famille de Sami et Angèle, chez leur cousine musulman (Angèle étant chrétienne, elle s'est portée volontaire pour donner un coup de main à sa cousine dans la cuisine). Nous avons mangé comme des rois dans la petite cour typiquement africaine...Ensuite, vers 15h, nous sommes allés rendre visite à Balkissa et sa famille. Nous avons encore mangé (on ne peut tout simplement pas refuser ce qu'on nous offre!) Puis, 17h30, nous étions chez Isabelle et Ibrahim!!! Un autre festin de mouton! 21h, nous étions épuisés et le bedons, prêt à exploser! Mais nous étions heureux! Heureux d'avoir connu tant de générosité! Partout où nous sommes allés, les gens nous remerciaient d'être passé. La cousine d'Angèle m'a même donné un pagne en cadeau pour me remercier d'être venue! C'est le monde à l'envers...chez nous on remercie les hôtes, ici on remercie les invités!



Les enfants se sont bien amusés aussi. Partout, il y avait des enfants pour jouer!

mercredi 3 décembre 2008

Célébration de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA à Bobo-Dioulasso




Comme partout dans le monde, la Ville de Bobo-Dioulasso a commémoré la Journée mondiale de lutte contre le sida, lundi le 1er décembre dernier. La Maison des associations de lutte contre le SIDA de Bobo Dioulasso, a pris part au mouvement international et a organisé toute une semaine d’activités.

Je salue les efforts du comité organisateur de cette célébration parce que vraiment, je ne m’attendais pas à pareille mobilisation, notamment pour la grande Marche populaire qui s’est déroulée lundi matin. Il y avait plusieurs centaines de personnes, voire quelques milliers. Les organisateurs avaient donné rendez-vous aux associations de lutte contre le SIDA devant la Gare de Bobo-Dioulasso. Derrière leurs bannières et leurs pancartes, les membres des associations de même que les citoyens et citoyennes ayant joints les rangs, ont marché jusqu’au Gouvernorat où une cérémonie se déroulait avec les partenaires de cette marche : Le Gouverneur, les représentants du Secrétariat permanent de lutte contre le SIDA de même que les principaux commanditaires. Les associations de femmes, notamment les « Griottes* », ont participé massivement à la Marche et ont fait cadeau de leurs magnifiques voix. Lorsqu’elles se sont mises à chanter toute ensemble, j’ai senti mon cœur se serrer…C’était simplement émouvant.

Suite à la MARCHE, les participants se sont rendus à la MAS pour partager un repas communautaire préparé par des membres de l’association. En soirée, la cour de la MAS s’est vue transformée en véritable espace culturel où le théâtre, l’humour, les contes et la musique furent à l’honneur. J’ai malheureusement raté cet événement, mais il semblerait que la soirée eut été fortement appréciée.

Parmi les autres activités organisées, il y avait également une campagne de dépistage du VIH/sida. Du 25 novembre au 2 décembre, plus de 200 personnes ont passé le test dans les bureaux de la MAS afin de connaître leur statut sérologique.


Comme rien n’est parfait, la semaine d’activité a tout de même connu quelques ratées. La première : le comité organisateur a voulu s’adjoindre d’une personnalité publique très connue et il a fait appel à Alpha Blondy, célèbre Rasta Man, chanteur de reggae. Pour le faire venir à Bobo, on a voulu organiser un grand concert au Stade de Bobo Dioulasso. Or, les promoteurs du concert (ceux qui ont accepté de financer un tel projet) ont très mal organisé leurs flûtes si bien que le concert d’Alpha Blondy n’a pas eu lieu. Les spectateurs ont attendu jusqu’à minuit le soir, au stade, dans l’espoir que la Star donnerait enfin sa prestation. Ces derniers ont attendu en vain jusqu'au petites heures du matin, puis ils sont retournés chez eux, déçus et en colère. J’ai moi-même perdu ma soirée à attendre au stade et celle-ci m’a couté plus de 10 000 francs. Il y avait des personnes dans le stade qui s’étaient probablement privés de nourriture pour pouvoir assister à ce concert!

La deuxième ratée : un partenariat émergent entre les associations leaders a connu plusieurs difficultés. L’espoir d’une réelle collaboration entre les deux grands réseaux d’associations de lutte contre le SIDA de Bobo est désormais fragilisée à cause d’une histoire de promesses non tenues qui serait longue à raconter ici. Disons que la compétition entre les organisations communautaires sur un même territoire peut être parfois forte. Or, c'est pourtant la collaboration et l'union des associations qui permettent de produire un impact significatif sur la lutte contre le SIDA. Dommage.

Malgré ces petites anicroches, je garderai un souvenir impérissable de cette journée mondiale de lutte contre le SIDA à laquelle j’étais fière de participer!

  • Les Griottes sont des chanteuses de contes traditionnels africains, celles-ci chantent souvent en groupe, un peu comme une chorale.