mercredi 11 février 2009

Il était une fois, un baptême...


Alors que ma mère était avec nous depuis seulement quelques jours, nous avons eu l’incroyable chance d’être invitées à un baptême musulman. Je dis chance, puisque pour moi, prendre part à une cérémonie d’une telle importance ici, au Burkina Faso, relevait d’une occasion unique de découverte, comme il s’en présente peu lorsqu’on est « toubabou ». Angèle et Batogoma nous ont intégré dans leur famille, comme si nous en faisions partie… Le baptême représente un des rituels les plus importants dans la vie d’une personne musulmane. Si la signification du baptême diffère peu entre musulman et catholique, la façon de célébrer, elle, est complètement différente. Tout d’abord, les hommes et les femmes fêtent séparément. Les premiers partent à la Mosquée avec le bébé, le temps de le baptiser, puis ramène le petit vers sa maman avant de retourner prier une bonne partie de la journée. Le bébé restera pour sa part isolé avec sa maman, qui demeurera dans sa maison durant toute la célébration. Elle recevra la visite des femmes de sa famille, une à la fois, ou en petits groupes. Pendant ce temps, à l’extérieur, c’est la fête. La famille, les amis et les voisins se ressemblent pour cuisiner, manger, chanter et danser. L’important c’est que ceux-ci passent un bon moment à célébrer l’arrivée du nouvel enfant. Les griottes s’en donnent à cœur joie, pendant que les marraines, vêtues de grands boubous, paradent et dansent, donnant le rythme et les mouvements à suivre. Les autres femmes, toujours bien « sapées » dans leurs plus beaux habits comme on dit ici, suivent les pas, une derrière l’autre. Les griottes chantent la chanson d’une, puis la chanson de l’autre. Lorsqu’une griotte chante une chanson en ton honneur, tu dois lui remettre à la fin, un billet de 1000 francs. C’est ce qui est arrivé à ma mère, qui a eu droit à ce traitement de faveur!! Pour l’occasion, les femmes proches de la famille du bébé, se sont fait confectionner des habits dans le même pagne. Nous avons joints le groupe! La fête se déroula dans l’un des quartiers les plus désaffectés de Bobo. À la limite de Sarfalao, les maisons de banco sont construites sur des terrains non lotis. L’accès à l’électricité et à l’eau est limité, pour ne pas dire inexistant. La pauvreté est criante, l’hygiène, déconcertante et les besoins sont innombrables. C’est pourtant dans ce paysage vraisemblable que s’est tenue cette fête où l’on chantait et dansait la joie de vivre! Lucas et Raphaël ont trouvé l’expérience plus difficile. Trop populaires, ils attiraient des dizaines d’enfants qui s’entassaient autour d’eux. Même pour les adultes, le rassemblement s’avérait étouffant. Ce sont des adolescents qui nous ont permis de respirer un peu en chassant les plus petits, les menaçants de les frapper avec leur bâtons. C’est donc avec des sentiments mitigés que nous sommes rentrés dans le confort de notre villa. La désolation du paysage, la réalité crue de la pauvreté, nous ramènent à ce sentiment étouffant d’impuissance. La générosité, la joie, la musique, nous redonne l’espoir et jusqu’à un certain point, la foi.